La perruche, une comédie colorée
Un couple attend des amis à diner, mais ceux-ci ne venant pas, les interrogations vont bon train, tant et si bien qu’elles finissent par se retourner contre ceux qui les posent. Pièce mordante comme un bavardage de perroquet finaud.
Ils forment un couple à la quarantaine élégante, au train de vie aisé et au mode de vie classique. La femme, interprétée par Barbara Schulz, petit chignon serré, escarpins vert amande, ne travaille pas et tient soigneusement son intérieur, qui n’est hélas plus tout à fait un nid d’amour. Le mari, interprété par Arié Elmaleh, est un avocat dont le cabinet tourne suffisamment pour payer trop d’impôts à son goût et son associé est précisément l’ami qu’ils attendent, David. Mais celui-ci leur téléphone, affolé, pour leur annoncer que non seulement son appartement a été cambriolé, mais en plus il ne sait pas où est Catherine, sa femme. Nous ne verrons jamais ni David ni Catherine, mais ceux-ci suscitent maintes questions autour desquelles toute la pièce se déroule savoureusement.
Et si c’était un coup monté par Catherine elle-même ? Après tout, elle aurait toutes les raisons de décamper, puisque son mari la trompe avec Ludivine, la secrétaire. A cette annonce, notre avocat présent tout à coup vacille comme s’il était lui-même concerné et sort de ses gonds, quitte à subitement se fâcher contre son ami. Les thématiques classiques des comédies sur le couple sont déclinées, tels l’ennui qui s’installe avec les années, les infidélités considérées comme normales par le mari dès lors qu’il est constitué en homme et la patience de l’épouse qui se voit délaissée, reléguée à une place de gardienne du foyer. Mais si les inévitables clichés sont présents, cette comédie parvient à les faire évoluer de façon à surprendre les spectateurs. Ce jusqu’à la fin qu’il ne faut pas dévoiler tant elle ajoute un piment joliment à l’honneur des femmes.
Barbara Schulz est impeccable dans son rôle de femme fort jolie et très futée. D’une vivacité qui conquiert le public, elle incarne à merveille l’épouse qui multiplie les qualités en vain, son benêt de mari étant inattentionné. Ce dernier est campé avec un charme certain, teinté d’un flegme séduisant qu’on reconnait chez les maris sûrs d’eux. Ariel Elmaleh amuse beaucoup le public et le couple quoique bien mal en point, fonctionne agréablement dans ces dialogues lestes et malins.
Emilie Darlier-Bournat
[Crédits Photo 1-2-3 : © Céline Nieszawer ]
Articles liés
« Portrait de l’artiste après sa mort » : Marcial Di Fonzo Bo en Argentine à la recherche de ses fantômes
Au Théâtre de la Bastille, l’artiste Marcial Di Fonzo Bo nous invite à une fantastique enquête en Argentine sur les traces de son enfance, des disparus de sa famille et d’artistes dont la dictature des colonels a supprimé la...
« Simone en aparté » : Simone Veil intime et vibrante
Celle qui devint la première présidente du Parlement européen, qui resta une farouche combattante pour les droits de l’homme et l’émancipation des femmes, vient nous confier ses bonheurs et ses secrets, ses combats et ses peines. Pour elle, la...
Louis Caratini dans “Tu connais la chanson ?” au théâtre Le Funambule
“Tu connais la chanson ?” Comme un stand up poétique et musical à la découverte de la chanson française… Et si on jouait à “Qui a écrit cette chanson” ? Et pour une fois, en partant des paroles ?...